François Madrid, 60 ans de musique avec la Lyre

En 2015 François Madrid a pris sa retraite musicale et à cette occasion, nous avions publié un portrait : retour sur 60 ans de musique à la Lyre Decazevilloise.

Pour François et la Lyre, tout commence au début des années 1950. Modeleur aux AUMD à Decazeville, un camarade d’usine l’incite à apprendre la musique, «sur le tard» donc. Le jeune marié s’affirme être un élève studieux, accueilli par Raymond Robin, professeur et chef de musique, arrivé en 1946.

François apprend le solfège, la trompette, progresse, se perfectionne et rejoint les rangs de l’orchestre. Cet infatigable du saxhorn baryton, instrument qu’il adopte par la suite, ne passe pas une journée sans travailler son instrument et répéter les œuvres du répertoire. Ces années durant, François va connaître tous les chefs de musique de la Lyre, s’adapter aux évolutions musicales : airs de caractère militaire, transcriptions d’œuvres classiques, jazz, musiques de film, la variété et créations contemporaines. François nous montre combien le travail permet d’aborder bien des musiques.

Sa seconde famille

Il se montre généreux dans son engagement au sein de l’orchestre d’harmonie, participant avec assiduité aux répétitions, prestations… Ses qualités, son attachement à la Lyre, sa seconde famille, forcent le respect de tous. François Madrid accompagne l’orchestre en France et à l’étranger à plusieurs reprises et contribue au rayonnement culturel de Decazeville. François reste un musicien discret qui, pour l’anecdote, a occupé la même chaise dans la salle de répétition. Il s’est vu confier un temps des leçons de solfège à l’école de musique de la Lyre. Ses élèves se rappellent avec émotion de son enseignement exigeant. Certains élèves sont devenus des musiciens confirmés. Quelle belle et exemplaire carrière musicale ! C’est une page qui se tourne à la Lyre.

L’ensemble de la communauté musicale tient à lui rendre hommage et à lui souhaiter une bonne retraite musicale : «à très bientôt et bon vent à vous François !». Désormais, ce vétéran de la musique souhaite profiter d’un repos mérité, tout en s’adonnant à la marche. Il fêtera bientôt son quatre-vingt-dixième anniversaire.

V. Vivas : « La Lyre, c’est l’école de la vie »

Après 70 ans de présence à la Lyre Decazevilloise, Vincent Vivas s’est éteint à l’âge de 90 ans en janvier 2016. Sur un récit de Sylvie Ferrer dans le journal La Dépêche du Midi, édition du 23 septembre 2011, retour sur un parcours musical où la Lyre, c’est l’école de la vie.

 

Vincent Vivas fait partie de la Lyre depuis 1946. Aujourd’hui âgé de 86 ans, il se rend toujours, une fois par semaine, dans les locaux de l’association pour répéter.

Lorsqu’il se met à parler de la Lyre decazevilloise, Vincent Vivas est intarissable. Dans sa maison de Livinhac, des coupures de journaux, des photos, des manuscrits, bien rangés dans les tiroirs, viennent lui rappeler des tas de souvenirs accumulés depuis 1946, qu’il a plaisir à évoquer aujourd’hui.

« Quand je suis rentré à la Lyre, à l’âge de 21 ans, Raymond Robin, ancien militaire, en était le directeur. Avec lui, c’était un peu l’armée mais c’était un bon chef », sourit Vincent. Alors lorsqu’il lui a dit qu’il fallait abandonner le piston, qu’il avait appris à l’Harmonie Viviez-Penchot, pour le trombone, il s’est exécuté, même s’il a fallu tout réapprendre. « Maintenant, les jeunes n’accepteraient pas une telle autorité. Nous, on était plus docile et surtout, on n’avait que ça comme loisir », poursuit-il. Grâce, peut-être, à cette main de fer, la Lyre n’a cessé de progresser au fil des années, en nombre mais aussi en qualité. « En 1951, nous avons été sacrés champions du monde de musique amateur lors d’un concours international en Hollande. Lorsque nous sommes arrivés à Decazeville, un comité nous attendait, nous a fait descendre du bus à la Vitarelle, puis fait défiler. Les gens aux fenêtres applaudissaient, nous lançaient des serpentins. C’était un retour à l’américaine. Ensuite, il y a eu des articles tous les jours dans la presse », se souvient-il.

Si, aujourd’hui, Vincent répète une fois par semaine avec l’orchestre, ce n’était pas le cas à l’époque. « Je faisais le chemin Viviez-Decazeville à vélo quatre fois par semaine car Raymond Robin faisait répéter une fois les cuivres, une fois les bois, et ensuite l’orchestre. En plein hiver, quand j’arrivais, mon trombone ne coulissait plus », se rappelle-t-il.

Un orchestre d’adultes

Vincent Vivas a aussi pris de nombreuses responsabilités au sein de la Lyre. Lorsqu’il en a été le président, de 1979 à 1989, il a confié la baguette à René Portéro. Depuis, de nombreux présidents se sont succédé, jusqu’à Patrice de Luycker qui dirige aujourd’hui l’association. Désormais vice-président de la Fédération des sociétés musicales, Vincent fait partie, depuis l’an dernier, d’un orchestre départemental d’adultes qui se produit régulièrement en concert. « Il a fallu que je fasse quatre jours de stage à Conques. Et j’ai resigné cette année ! ». Ce qui ne l’empêche pas, bien évidemment, de rempiler à la Lyre. « Je vais continuer, de toute façon le médecin qui me suit m’a dit qu’il ne fallait pas que j’arrête ! », s’exclame-t-il. Car pour lui, la Lyre, « c’est l’école de la vie, où l’on apprend le partage et le respect des autres. La musique est internationale, elle nous suit de la naissance à la mort et elle a le même langage partout. Sauf la musique grégorienne car ce sont des notes carrées », s’esclaffe Vincent.